SALT 2021 : Retour sur la 3e édition de la Semaine des Alternatives Low-Tech

Du 26 au 31 juillet, le Campus de Transition a co-organisé et accueilli cette troisième édition de la SALT. Comme pour les deux premières éditions, l’événement était co-préparé par le groupe “Créer les alternatives” du réseau des Ingénieur·es Engagé·es ainsi que l’association OseOns (Our Shared Energies – Our Network Solutions).

Côté Campus, cela faisait déjà plus d’un an que les habitant·es s’essayaient à la mise en place d’une démarche “low-tech” dans leur vie quotidienne. Les différents tests, freins et leviers sont progressivement documentés via le projet ORFEE financé par l’ADEME. Dans ce cadre, cet événement s’intégrait parfaitement dans la continuité de cette expérimentation, et a permis d’aller plus loin notamment dans l’aspect pratique de fabrication puis de test de prototypes de “basse technologie”.

La démarche Low-Tech

Si vous n’êtes pas familier·e avec ce terme “low-tech”, ou que vous souhaitez connaître plus en détails la philosophie et les valeurs de cette démarche, nous vous proposons de consulter le § dédié de l’article Retour sur la SALT 2020 écrit par le même noyau d’organisateur·ices 2020 et 2021. Cette proposition de définition n’engage que ses auteurs, mais résume à priori assez bien la vision du mouvement Ingénieur·es Engagé·es sur le sujet.

Nota 2022 : L’ADEME a également travaillé récemment sur la définition de ce terme “low-tech”. Ce rapport de l’ADEME intitulé Démarches “Low-Tech” (mars 2022), synthétise une étude bibliographie et une trentaine d’entretiens, “dans l’optique de mieux appréhender le concept des low-tech et le préciser afin de le positionner au regard de ses domaines d’intervention”.

Les principaux objectifs de l’événement

Pour comprendre la philosophie de l’événement, voici les principaux objectifs fixés par l’équipe organisatrice :

Organiser une semaine de découverte de la démarche Low-Tech grâce à une formation théorique et pratique sur des projets concrets, utiles et durables pour les humains et l’environnement.
Une partie significative des projets permettront de répondre aux besoins locaux, du lieu d’accueil ou du territoire.
Vivre une expérience sociale riche, avec un groupe aux origines socio-culturelles variées, dans un esprit de partage, d’entraide et de bienveillance.

Retour sur la semaine

Le cadre de sécurité et de bienveillance

Afin de vivre cette expérience sociale riche dans de bonnes conditions, l’équipe a proposé en début de semaine aux participant·es un certain cadre de bienveillance, comprenant une invitation générale :

À mettre la priorité sur l’entraide et l’inclusivité de tous et toutes plutôt que sur la performance, dans les temps d’ateliers techniques comme dans les différents temps de jeu et de partage.
À éviter les stéréotypes de genre. Le monde de la technique étant encore majoritairement masculin, certains clichés non justifiés sur les appétences féminines à la technique et au bricolage sont vite arrivés, et véhiculés de manière plus ou moins consciente.
À communiquer au maximum lors d’un inconfort lié à la sécurité. Le sentiment d’insécurité doit pouvoir être exprimé, écouté, et discuté.

Ce cadre a été apprécié, et bien respecté par l’ensemble des personnes présentes. Il a permis d’instaurer une harmonie au sein du groupe, et prévenir d’éventuelles sources de conflits.

Les ateliers et les réalisations

Après une première journée d’introduction, de présentation des lieux et structures organisatrices, puis d’initiation à la manipulation des outils de base, les participant·es se sont réparti·es dans différents ateliers théoriques et pratiques. Voici le résultat des principaux ateliers de fabrication :

Fabrication d’un système de douche solaire avec cabine et panneau solaire thermique, réalisés majoritairement à partir de matériaux de récupération. La société EclowTech – à laquelle le Campus louait déjà deux panneaux et deux cabines depuis le mois de mai – est revenue pour animer un atelier de fabrication d’un troisième jeu.

Fabrication d’une machine à énergie musculaire à pédale possiblement multifonction, accompagnée par l’association Chemins de Faire. La première – et pour l’instant unique – fonction a été ciblée pour la cuisine du Campus : permettre de monter les blancs d’oeufs en neige pour des grosses quantités, et sans énergie électrique !
Fabrication de fours solaires à caisson, avec l’accompagnement de l’association Inti Energies Solidaires : au total, six fours ont été fabriqués, dont deux qui viennent compléter temporairement les trois déjà présents au Campus depuis le mois de juin. De quoi faire de belles et régulières expérimentations solaires !
Suite à l’animation d’un atelier théorique approfondi, l’association PicoJoule a accompagné la réalisation d’une micro unité de méthanisation, générant du biogaz et permettant d’allumer une lampe à gaz de manière ponctuelle. Sur les photos ci-dessous, on peut observer l’évolution du remplissage du ballon un mois après la mise en place du système.
Cette maquette pédagogique est un premier pas vers une éventuelle unité de méthanisation pour générer du gaz de cuisine à partir des déchets verts du compost et ceux des toilettes sèches.
Enfin, deux autres systèmes techniques ont été fabriqués en ateliers :
- Une marmitte norvégienne, permettant d’économiser de l’énergie lors de la cuisson d’aliments à cuisson lente (tels que les haricots rouges, les pois etc.), pour la cuisine du Campus.
- Un meuble facilitant l’ergonomie d’une scie à onglet, pour l’atelier du Campus.

Les temps d’échanges et de débats

Au cours de cette semaine très portée sur la technique, il semblait important de lâcher les machines à certains moments, et de prendre un temps de réflexion tous et toutes ensemble au sens de nos actions.

C’est ce que nous avons fait le temps d’un après-midi, pendant lequel nous avons réfléchi et débattu autour des plusieurs thèmes :

La définition des low-tech et de la démarche associée.
Quelle est la place de la technique dans notre quotidien ? Pourrait-on accorder une place croissante aux technologies low-tech dans nos vies, à l’échelle individuelle, collective/citoyenne, industrielle ?
Est-il possible de concevoir une démarche entrepreneuriale en accord avec les valeurs de la démarche Low-Tech ? Exploration et débat autour des paradoxes de l’entrepreneur Low-Tech.

Enfin, dans un objectif d’ouverture au territoire, la semaine s’est terminée par une journée découverte le samedi 31 juillet, pendant laquelle les participant·es ont pu présenter au public leurs réalisations et partager leur expérience de la semaine.

Communication sur l’événement

L’événement a été couvert médiatiquement de différentes manières :

Une journaliste de Le Monde est venue une journée assister et suivre les participant·es, ce qui nous a valu ce bel article publié début août 2021.
Deux vidéastes (Jumouette&So’ – Au cœur des Écolieux) ont également réalisé une vidéo de l’événement, qui est à paraître prochainement, vers la fin du mois d’avril !
Enfin, la SALT a eu l’honneur d’accueillir l’équipe de tournage du film Low-Tech pendant trois jours ! Le film est actuellement en cours de montage, et nous ne manquerons pas de donner des nouvelles lors de sa sortie !

Conclusion

Le bilan de cet événement est dans l’ensemble très positif : nous avons eu le plaisir de constater que les différents objectifs fixés lors de l’organisation ont été atteints, et que l’événement a eu un impact marquant autant pour le lieu d’accueil que pour l’ensemble des participant·es et animateur·ices ayant vécu l’expérience.

Ainsi équipés de tous ces systèmes techniques, les résident·es du Campus ont de quoi poursuivre l’aventure de l’expérimentation vers un mode de vie plus sobre et respectueux des limites planétaires ! Ainsi que le travail de documentation et de témoignages associé.

La SALT est un événement qui a vocation à se diffuser partout en France, et l’équipe d’organisation 2021 est motivée pour accompagner cet essaimage. Pour toutes questions relatives à l’événement, vous pouvez contacter l’équipe à l’adresse salt@ingenieurs-engages.org.

Article rédigé par Florent Husson, organisateur de la SALT et habitant du Campus de la Transition en 2021.